Comme un oiseau bat des ailes pour prendre son envol, Julie agite ses bras pour exprimer sa joie : assise dans la chaise d’un Duo Tempo guidé par un moniteur de l’ESS, elle dévale les pistes. C’est la première fois que nous skions tous ensemble, famille au complet, et deux heures durant, ce 24 décembre, Julie chante et son bonheur m’émeut aux larmes.

Jean-Victor et Julie

Il n’en faut pas plus pour venir à bout des réticences que j’avais à m’imaginer piloter un tel engin. Sur Internet, je m’inscris aussitôt à une formation et le 14 janvier à 7H45 me voilà à Villars, pour trois jours intensifs avec nos instructeurs et six autres personnes.

Parmi elles, Caro, Steph, Aurélia et Mitch sont envoyés par l’association bénévole Verbier4all. Verbier ? J’en viens, j’y vais, la prochaine fois début février, skier en famille. Ils m’apprennent que pour emmener Julie je pourrai emprunter leur matériel et bénéficier d’un accompagnateur pour notre sécurité. Après une première journée à manœuvrer les Duos (à vide, c’est facile !) et une soirée des plus conviviales à la table de l’hôtel où le hasard nous a tous logés, il n’y a plus de doutes : mes étoiles sont alignées…

Jean-Victor aux centre avec ses recruteurs

Mais le lendemain matin, au moment de nous élancer au milieu de cinq mille gamins zigzaguant parmi nous pour leurs cours de skis, avec nos Duos lestés de quelques dizaines de kilos, on fait moins les malins ! Je prends enfin conscience de la responsabilité qu’implique mon engagement : ces poids dans ma chaise, répondant au doux nom de Marcel, c’est un peu Julie déjà. Et ces quelque 60 à 70 kilos, comment les sortir seul du télésiège duquel j’ai déjà tant de mal à m’extraire moi-même ? L’idée me traverse alors l’esprit: tant pis pour demain. Je peux toujours abandonner. D’ailleurs je crois bien que je me suis foulé le poignet. 

Le soleil est radieux ce dimanche 16 janvier et mon ventre est noué, mais je ne dis rien, j’y vais. Et comme si je m’étais entraîné toute la nuit, je découvre que ma technique s’est améliorée, et à mieux maîtriser mon Duo, à le sentir carver et à me jouer de la déclivité en enchaînant des virages presque fluides, la confiance et le plaisir reviennent. A 14h, c’est l’heure de vérité, l’heure du brevet. Ouf, je n’ai plus mal au poignet.

De retour chez moi, réalisant quelle grandeur de cœur anime ces bénévoles qui à nous, parents d’un enfant handicapé, donnent tellement plus que leur temps, je comprends qu’il m’appartient désormais d’aller au bout de la démarche et que l’aventure ne fait que commencer. Dans la semaine, je contacte Kathryn, secrétaire de l’association. Je veux être des vôtres ! 

Et c’est ainsi que, nous retrouvant sur les pistes de la Chaux le 30 janvier pour un entraînement de trois jours, je goûte pour la première fois au privilège d’arborer fièrement  la veste orange estampillée Verbier4All. 

Jean-Victor dans les couleurs de Verbier4All

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