Souvenirs d’une journée de ski grandiose avec une équipe de volontaires sympathique et dévouée de Verbier4All, par le journaliste indépendant anglais, Simon Watkinson.
N’étant pas du genre à passer du temps à surfer sur Internet, je ne me souviens plus comment je suis tombé sur l’excellent site de Verbier4All. Mais je me souviens de la réponse instantanée de la secrétaire, Kathryn Adams, envoyée avec un formulaire d’inscription.
Mon aventure à Verbier avait commencé !
Mon amie et ancienne voisine Catherine était disponible pour me conduire du Pays de Gex à Verbier. Nous sommes partis à 6h45 le vendredi 3 février afin d’éviter les bouchons autour de Lausanne pour tenter d’arriver à 9h00 à Verbier.
J’étais un peu nerveux depuis la veille au soir, lorsque Kathryn m’avait demandé si j’avais un casque. Ayant eu une hémorragie cérébrale à l’âge de 10 ans en 1973, mon équilibre est instable et j’ai de la spasticité dans les jambes. Je me voyais déjà refuser l’accès aux pistes, faute de protection appropriée…
Nous sommes arrivés à 09h00 au Châble et, une heure plus tard,
en descendant des télécabines aux Ruinettes, nous avons été accueillis par le « Salut Simon ! » sonore de Kathryn.
« Voici Jeremy, qui sera ton pilote aujourd’hui. Tu es son premier passager depuis qu’il a passé le brevet de pilote! Jeremy habite à Verbier et dirige une société qui distribue du whisky », précise Kathryn.
Enfin un homme selon mon cœur !
« Ça va aller, Jeremy » lui dis-je pour le rassurer, en suspectant une conduite hésitante liée un probable abus d’Ardbeg, de Highland Park et de Macallan la veille au soir.
Mais quand j’ai découvert que Jeremy était un skieur de l’extrême, j’ai compris que j’étais en de bonnes mains.
« Au fait, Simon, un prof de ski vient de me laisser son casque car il vient de s’en racheter un! » me dit Kathryn ravie. J’essaie la protection et elle me va comme un gant.
« C’est génial! » s’exclame Kathryn.« Merci mon Dieu! », renchéris-je.
« Le temps file, alors allons vite essayer le Tessier Tempo Duo, Simon », conseille Jeremy.
Le siège était parfaitement ajusté, avec peu de jeu. Ensuite, ils ont essayé de me passer une espèce de camisole de force, ou plus exactement un sac de couchage en toile. Et quel plaisir quand la housse s’est prisedans les repose-pieds du téléski au moment d’en sortir à La Chaux ! Plaisir que n’a tempéré que l’agilité de Kathryn pour le libérer juste avant que le télésiège n’ait fait demi-tour pour entamer la descente.
Je me rappellerai longtemps de notre entrée dans la mêlée pour le télésiège suivant ! Le Tempo était mal place pour descendre la barre de sécurité, donc il a fallu que Jeremy me tire pour me faire glisser vers la gauche, ce qui aurait donné du fil à retordre même à Geoff Capes (ancien lanceur de poids britannique et compétiteur des Highland Games, connu pour sa force – ndlr)… Avec ça, Jeremy a économisé un abonnement d’une année en salle de musculation! Il a dû s’y reprendre à trois fois pour positionner le Tempo correctement avant que nous soyons paré au décollage.
Mais après 10 mètres, une sonnerie de mauvais augure retentit et nous nous retrouvons bloqués dans les airs… sur le ski-lift le plus rapide à destination de nulle part…
« Je pense qu’on a cassé le télésiège La Chaux 2 pour de bon cette fois-ci! », plaisante Kathryn à l’attention de Jeremy.
Il était 11h30 et je commençais à me demander si j’allais réussir à profiter des belles pistes de Verbier un jour… Au moins il ne pleuvait pas !Après 25 minutes d’attente et l’intervention d’un électricien dépêché par l’opérateur furieux, le télésiège s’ébranle enfin, pour le plus grand soulagement de tous les skieurs gelés sur les chaises.
Heureusement, l’attente en valait largement la peine ! Se retrouver sur les hauts de Verbier à 2’300m d’altitude avec sous les yeux le panorama des majestueuses montagnes se découpant sur un ciel azur restera une expérience inoubliable et un grand privilège.
« Regarde, Simon ! » dit Kathryn en me montrant un petit sac noir après avoir descendu la piste des Ruinettes. « C’est notre premier kit de secours avec sangle d’évacuation verticale pour sauvetage en hélicoptère. »
Comme ce serait charmant une petite balade en hélicoptère dans cette magnifique nature !
« Imbécile! Regarde où tu vas ! » crie soudain Jeremy à un adolescent en snowboard qui a failli nous percuter alors que nous zigzaguions dans la descente.
Oh zut ! Ma chance de faire ce tour en hélico est passée !
Après 5 magnifiques descentes sur des pistes bleues et rouges, Kathryn a estimé qu’il était temps d’arrêter : le pauvre Jeremy n’en pouvait plus de pousser le Tempo et mes 80 kg juchés dessus. Pour dire la vérité, Jeremy a une force herculéenne. Je lui donne 9/10 pour ses efforts… Et je sais que je me suis fait de supers nouveaux amis.
Avant de nous séparer, Kathryn me conseille discrètement de commencer un petit régime et Catherine, alias Cat le taxi, hoche la tête et commence à m’appeler « The English Pig ! » – ce qui mérite d’être noté car, en bonne Française, elle ne s’aventure jamais à parler anglais avec moi.
J’ai réalisé à ce moment-là qu’il allait falloir prolonger mon “dry January” jusqu’à fin février en prévision de notre prochain passage à Verbier…Mince alors !
Plus sérieusement, pour les personnes en situation de handicap, dévaler une piste sous le soleil et avec le vent dans le visage représente une expérience inoubliable et presque irréelle ainsi qu’un incroyable booster de confiance, et qui a fait ressurgir chez moi ce sentiment de mouvement depuis longtemps oublié.
Créé en 2019, Verbier4All offre un petit bout de paradis à une vingtaine de skieurs en situation de handicap ; elle organise également des activités estivales.
Alors Chapeau ! à tous les bénévoles de Verbier4All, qui ont à cœur de rendre accessibles les belles montagnes qui sont d’ordinaire totalement inabordables pour les personnes à mobilité réduite. Chapeau ! aussi à tous les généreux donateurs de l’association qui supportent les charges financières que représentent tout l’équipement.
Et enfin Chapeau ! tout spécialement à Jeremy et à Kathryn pour leur accueil chaleureux, l’attention accordée et le travail physique tout au long de la journée !
J’ai hâte de vous retrouver lors de ma prochaine visite à Verbier début mars… avec 3 kilos en moins !
Simon
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